Chercheuse au CNRS, Régine André-Obrecht devient professeur à l’université Paul Sabatier en 1999. Son engagement en faveur de la formation la conduit de la présidence du Conseil scientifique de l’Institut de recherche en informatique (Irit) au poste de chef du département informatique, avant d’endosser, en 2012, le rôle de vice-présidente déléguée à la stratégie formation, puis vice présidente en charge de la formation et la vie universitaire. Une responsabilité qu’elle assume à temps plein depuis le début de l’année 2016. Décryptage d’une vision prospective de la formation.
« La réussite de tous avec les talents de chacun » pouvait-on lire en introduction du programme de la liste conduite par Jean-Pierre Vinel, élu président de l’université en janvier dernier. En termes de concepts et d’actions, que recouvrent ces mots ?
Régine André-Obrecht : ces mots représentent le moteur de notre action à venir, pour les cinq ans de notre mandature. Il s’agit de favoriser la réussite de tous, c’est-à-dire des étudiants, mais aussi des enseignants, des personnels administratifs et des techniciens dans leur vie professionnelle. Cette réussite doit être harmonieuse et partagée. C’est bien une priorité.
Pour conduire vers cette réussite, vous insistez sur l’innovation pédagogique. Pourquoi ?
RAO : C’est en effet un axe fort de notre programme. Dans une société qui évolue, avec des étudiants qui ont changé, on ne peut plus enseigner de la même manière. Une révolution est en train de s’accomplir. « Innovation pédagogique », la formule est un peu fourre-tout, on recense beaucoup d’innovations au sein de l’université, mais la pratique commune reste la réalisation de cours, de travaux pratiques ou de travaux dirigés, « à l’ancienne ». Alors que des innovations comme les classes inversées ou interactives, qui sont encore marginales, doivent devenir des pratiques usuelles.
La formation tout au long de la vie est également un axe fort de votre programme…
RAO : La formation tout au long de la vie commence quand on entre à l’université : formation initiale et continue sont intimement liées. La formation doit davantage s’ancrer dans notre culture, nous devons apprendre à considérer le besoin de se former comme un levier, non comme un échec. La formation à l’université, suivie de quelques années de travail, puis le retour sur les bancs de la fac pour un complément de formation est une pratique courante dans de nombreux pays mais elle n’est pas encore entrée dans la tradition française. C’est pourtant nécessaire.
Concrètement, comme cette évolution s’opère-t-elle ?
RAO : elle passe par un mélange des publics, ce qui implique de repenser l’offre de formation par blocs de compétence, avec adaptation des emplois du temps pour permettre l’accès aux publics extérieurs, par exemple. Cette dynamique est enclenchée au niveau licence professionnelle, elle doit maintenant s’étendre au niveau master. Cela passe aussi par un meilleur dialogue avec la société civile, notamment via les conseils de perfectionnement. Ces dispositifs sont sur les rails et auront dû s’être réunis au plus tard en mai 2017. Nous travaillons également à la création de conseils de perfectionnements globaux, par secteur d’activités, pour faire de la prospective et envisager les métiers futurs et les besoins en formation, indépendamment des titres qui existent déjà. Deux ou trois de ces conseils seront formés dès l’an prochain.
Pourquoi cette évolution est-elle nécessaire à l’UT3 - Paul Sabatier, alors que les taux d’insertion dans la vie professionnelle de vos étudiants sont déjà excellents ?
RAO : le monde socio-économique et plus généralement la société évoluent tellement vite qu’il faut savoir anticiper. Notre moteur, c’est la recherche, qui nous permet d’être visionnaire et de partager cette vision avec les entreprises. Nous sommes dans l’échange, dans les deux sens, pour analyser besoins et moyens, des grandes et des petites entreprises. L’enseignement supérieur délivré par l’université est essentiel pour l’évolution de notre société. Au-delà du taux d’insertion, c’est un enjeu que de faire reconnaitre ce rôle de l’université.
Est-on aujourd’hui en capacité d’évaluer les compétences acquises à l’université ?
RAO : nous avons fait un effort considérable pour rédiger les fiches descriptives de certification inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Nous y avons travaillé en relation avec la nouvelle offre de formation, pour les rendre lisibles par les acteurs économiques, chaque fiche précisant les éléments de compétences acquises après la formation. C’est un vrai pas en avant.
Quelles implications cela a-t-il sur l’enseignement et sur les enseignants ?
RAO : les enseignants doivent réapprendre à évaluer, non sur des connaissances, mais sur des compétences. C’est le défi, à plus long terme. Les enseignants ont besoin de temps pour repenser leurs cours et l’université devra apprendre à reconnaitre ce travail. Au-delà de la reconnaissance du travail de recherche, la reconnaissance officielle et systématique de l’investissement de l’enseignant dans sa fonction d’enseignant-chercheur sera un moteur essentiel de l’évolution culturelle.
Pour conclure, quels projets à court terme ?
RAO : on peut évoquer la Maison de la réussite en licence, qui devrait voir le jour dans les toutes prochaines années : ce sera un bâtiment dédié aux nouveaux étudiants qui devra être le plus accueillant possible. On peut aussi présenter le Catalyseur, un « tiers lieu », qui va commencer à prendre son essor : il s’agit notamment d’un pré-incubateur destiné à nos étudiants qui réfléchissent à la création de leur entreprise.
J’aimerais aussi évoquer le rôle des étudiants à travers le Conseil Etudiants, élus lors des derniers scrutins. Je compte sur eux pour être actifs et force de propositions. Leur participation massive à un « cours » sur le budget de l’université, il y a quelques jours, est un signe révélateur de leur volonté d’implication.
« La réussite de tous avec les talents de chacun » pouvait-on lire en introduction du programme de la liste conduite par Jean-Pierre Vinel, élu président de l’université en janvier dernier. En termes de concepts et d’actions, que recouvrent ces mots ?
Régine André-Obrecht : ces mots représentent le moteur de notre action à venir, pour les cinq ans de notre mandature. Il s’agit de favoriser la réussite de tous, c’est-à-dire des étudiants, mais aussi des enseignants, des personnels administratifs et des techniciens dans leur vie professionnelle. Cette réussite doit être harmonieuse et partagée. C’est bien une priorité.
Pour conduire vers cette réussite, vous insistez sur l’innovation pédagogique. Pourquoi ?
RAO : C’est en effet un axe fort de notre programme. Dans une société qui évolue, avec des étudiants qui ont changé, on ne peut plus enseigner de la même manière. Une révolution est en train de s’accomplir. « Innovation pédagogique », la formule est un peu fourre-tout, on recense beaucoup d’innovations au sein de l’université, mais la pratique commune reste la réalisation de cours, de travaux pratiques ou de travaux dirigés, « à l’ancienne ». Alors que des innovations comme les classes inversées ou interactives, qui sont encore marginales, doivent devenir des pratiques usuelles.
La formation tout au long de la vie est également un axe fort de votre programme…
RAO : La formation tout au long de la vie commence quand on entre à l’université : formation initiale et continue sont intimement liées. La formation doit davantage s’ancrer dans notre culture, nous devons apprendre à considérer le besoin de se former comme un levier, non comme un échec. La formation à l’université, suivie de quelques années de travail, puis le retour sur les bancs de la fac pour un complément de formation est une pratique courante dans de nombreux pays mais elle n’est pas encore entrée dans la tradition française. C’est pourtant nécessaire.
Concrètement, comme cette évolution s’opère-t-elle ?
RAO : elle passe par un mélange des publics, ce qui implique de repenser l’offre de formation par blocs de compétence, avec adaptation des emplois du temps pour permettre l’accès aux publics extérieurs, par exemple. Cette dynamique est enclenchée au niveau licence professionnelle, elle doit maintenant s’étendre au niveau master. Cela passe aussi par un meilleur dialogue avec la société civile, notamment via les conseils de perfectionnement. Ces dispositifs sont sur les rails et auront dû s’être réunis au plus tard en mai 2017. Nous travaillons également à la création de conseils de perfectionnements globaux, par secteur d’activités, pour faire de la prospective et envisager les métiers futurs et les besoins en formation, indépendamment des titres qui existent déjà. Deux ou trois de ces conseils seront formés dès l’an prochain.
Pourquoi cette évolution est-elle nécessaire à l’UT3 - Paul Sabatier, alors que les taux d’insertion dans la vie professionnelle de vos étudiants sont déjà excellents ?
RAO : le monde socio-économique et plus généralement la société évoluent tellement vite qu’il faut savoir anticiper. Notre moteur, c’est la recherche, qui nous permet d’être visionnaire et de partager cette vision avec les entreprises. Nous sommes dans l’échange, dans les deux sens, pour analyser besoins et moyens, des grandes et des petites entreprises. L’enseignement supérieur délivré par l’université est essentiel pour l’évolution de notre société. Au-delà du taux d’insertion, c’est un enjeu que de faire reconnaitre ce rôle de l’université.
Est-on aujourd’hui en capacité d’évaluer les compétences acquises à l’université ?
RAO : nous avons fait un effort considérable pour rédiger les fiches descriptives de certification inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Nous y avons travaillé en relation avec la nouvelle offre de formation, pour les rendre lisibles par les acteurs économiques, chaque fiche précisant les éléments de compétences acquises après la formation. C’est un vrai pas en avant.
Quelles implications cela a-t-il sur l’enseignement et sur les enseignants ?
RAO : les enseignants doivent réapprendre à évaluer, non sur des connaissances, mais sur des compétences. C’est le défi, à plus long terme. Les enseignants ont besoin de temps pour repenser leurs cours et l’université devra apprendre à reconnaitre ce travail. Au-delà de la reconnaissance du travail de recherche, la reconnaissance officielle et systématique de l’investissement de l’enseignant dans sa fonction d’enseignant-chercheur sera un moteur essentiel de l’évolution culturelle.
Pour conclure, quels projets à court terme ?
RAO : on peut évoquer la Maison de la réussite en licence, qui devrait voir le jour dans les toutes prochaines années : ce sera un bâtiment dédié aux nouveaux étudiants qui devra être le plus accueillant possible. On peut aussi présenter le Catalyseur, un « tiers lieu », qui va commencer à prendre son essor : il s’agit notamment d’un pré-incubateur destiné à nos étudiants qui réfléchissent à la création de leur entreprise.
J’aimerais aussi évoquer le rôle des étudiants à travers le Conseil Etudiants, élus lors des derniers scrutins. Je compte sur eux pour être actifs et force de propositions. Leur participation massive à un « cours » sur le budget de l’université, il y a quelques jours, est un signe révélateur de leur volonté d’implication.