L'exposition Le Quartier des sciences, 150 ans d'histoire résulte d'un travail effectué sur une période d'un an mené par un étudiant de Master 2 Communication et Territoire de l'Université Toulouse III-Paul Sabatier. Le Service d'Etude et de Conservation des Collections Patrimoniales de cette même université est à l'initiative de ce projet, désireux de rappeler ses origines.
Son premier doyen, le naturaliste Philippe Isidore Picot de Lapeyrouse, a investi le quartier en 1796 en y important les collections de sciences naturelles de l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, située non loin, rue des Fleurs. Ainsi naissait le Jardin des Plantes, alors confondu avec le Jardin Botanique. Cette première initiative ne fut pas sans conséquences pour le développement des Sciences naturelles à Toulouse : en créant ce lieu, Philippe Picot de Lapeyrouse donna à la ville la possibilité de constituer un véritable centre névralgique des Sciences naturelles, puis des Sciences dans leur ensemble, à Toulouse. Les savants toulousains avaient désormais un lieu dédié qui les rassemblait au sein de la cité.Pendant tout le XIXe siècle, les allées Jules Guesde, artère principale de ce quartier, n’ont cessé d’accueillir des établissements au service de la Science : en 1837, l’École de médecine et de pharmacie, au n°37 ; en 1865, le Muséum d’histoire naturelle, au n°35 ; en 1891, la Faculté des sciences, au n°39.Puis, pendant la première moitié du XXe siècle, le doyen Paul Sabatier mit à profit ses deux mandats en faisant évoluer l’enseignement supérieur par la création des Instituts, notamment l’Institut de Chimie anciennement situé à l’angle de la rue des 36 Ponts et de la rue Sainte-Catherine.Que reste-il de cette histoire ?« On a dit des livres qu’ils ont leur destiné ; les lieux, comme les êtres, l’ont également » (Gaston Astre).Les histoires des êtres sont imbriquées à celles des lieux. En abordant le travail de l’historien-biographe, Henri Michaux nous invite à démêler « l’inextricable pelote » . En effet, l’histoire de ce quartier est faite de fils qui s’entrelacent, se croisent, se nouent ; les vies des savants ainsi que les relations qu’ils entretenaient.Le parti pris est de retracer une « filiation scientifique » dressant les portraits de savants qui se sont succédés, en établissant des correspondances ou des échos entre eux : Philippe Picot de Lapeyrouse, Jean-Baptiste Noulet, Nicolas Joly, Edouard Filhol, Dominique Clos, Louis Lartet, Gaston Astre, Henri Gaussen. Au-delà d’avoir été les acteurs principaux de ce quartier, ces savants ont aussi comme point commun l’étude et la recherche relatives à la chaîne de montagne qui caractérise la région, les Pyrénées.À partir de la moitié du XXe siècle, suite à une massification étudiante, les Facultés de Médecine et de Pharmacie et la Faculté des Sciences ont du s’excentrer de la ville pour investir le campus Rangueil : elles sont alors devenues Universités. Seule restait la belle Bibliothèque Patrimoniale de Médecine. Les colonnes imaginées par Urbain Vitry sont devenues la façade du Théâtre Sorano en 1964.Les souvenirs qui restent de ce quartier pendant les années 90 sont nets pour les enfants qui l’ont fréquenté : les allées Jules Guesde étaient un vaste parking qui accueillait en septembre la fête foraine de Toulouse, « la fête Saint-Michel ». Les bâtiments des Facultés s’étaient vidés. Le Jardin des Plantes demeurait un lieu dédié à la nature où l’on donnait à manger aux canards, pique-niquait, faisait un footing ou une sieste ; où l’on allait au « Muséum d’Astre ».
Aujourd’hui, en 2016, le quartier des sciences s’est renouvelé : le Muséum et le Jardin botanique ont été rénovés de 1997 à 2007, les allées Jules Guesde sont devenues une esplanade piétonne, le Quai des Savoirs a investi le bâtiment de la Faculté des Sciences et ouvert ses portes aux Toulousains