Les travaux réalisés dans les équipes d’Alice Davy au Centre de Biologie du Développement (CNRS / UT3) et d’Arnaud Besson au Centre de Recherche en Cancérologie de Toulouse (CNRS / Inserm / UT3), démontrent que l’achèvement de la cytocinèse, en particulier son étape finale, l’abscission, est régulé par les informations présentes dans l’environnement local de la cellule en division.
A l’origine de ce travail, l’équipe d’Alice Davy qui étudie le rôle de la communication intercellulaire via la voie de signalisation Eph/ephrin lors du développement du néocortex, avait observé que des embryons déficients pour cette voie de signalisation présentaient un nombre anormal de neurones corticaux polyploïdes par rapport à des embryons témoins. Afin de caractériser les mécanismes mis en jeu, les chercheurs ont entrepris des analyses in vitro. Ceci leur a permis de démontrer que l’activation de la voie de signalisation Eph/ephrin dans une cellule en division entraîne un retard de l’abscission, voir un blocage complet, avec comme conséquence un taux anormalement élevé de cellules polyploïdes. Pour identifier les effecteurs moléculaires, les chercheurs ont fait alors appel aux compétences de l’équipe d’Arnaud Besson, spécialiste de la division cellulaire. Cette collaboration a permis de décrypter la cascade moléculaire en aval de la voie de signalisation Eph/ephrin et d’identifier un effecteur privilégié, la kinase Citron, dont le rôle dans la cytocinèse était déjà bien connu. L’identification des sites de phosphorylation sur la protéine Citron, réalisée avec l’appui de la plateforme de protéomique de l’Institut de Pharmacologie et de Biologie Structurale à Toulouse (CNRS / UT3), a permis de vérifier le rôle déterminant de ces phosphorylations. Ainsi, l’avancée importante de cette étude est de montrer que la phosphorylation spécifique de certains résidus tyrosine de cet acteur majeur de la cytocinèse, contrôle l’abscission en réponse à une information extrinsèque.
De façon remarquable, en dépit de son expression dans divers tissus embryonnaires, la perte de la kinase Citron in vivo perturbe la cytocinèse de types cellulaires bien particuliers, dont les progéniteurs neuraux, augmentant ainsi le nombre de neurones polyploïdes et donnant lieu à des microcéphalies, chez la souris et chez l’homme.
Ces résultats mettent en lumière l’importance de la communication entre cellules voisines lors de la division cellulaire et suggèrent que les modifications post-traductionnelles de la protéine Citron, en particulier sa phosphorylation, pourraient servir d’interrupteur moléculaire dans la progression vers l’étape finale de la division cellulaire, l’abscission. L’un des enjeux pour le futur sera de comprendre le rôle privilégié de cette cascade Eph/ kinase Citron dans les progéniteurs neuraux et son impact sur le développement et la physiologie du cerveau.
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